Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) arrive en tête de notre classement des 20 villes les plus inégalitaires de plus de 20 000 habitants en termes de revenus. Les 10% les plus riches ont huit fois plus de revenus (au moins 10 200 € par mois) que leurs habitants les 10% les plus pauvres (au plus 1 260 €)[1], selon les données INSEE de 2018. Globalement, ce ratio est de 3,4 en France métropolitaine. En deuxième position se trouve Paris avec un ratio de 6,4.
Treize grandes villes de la région parisienne figurent parmi les 20 plus inégalitaires de France. Cet espace concentre les lieux de décision économique, politique et culturelle et par conséquent les hauts revenus et le patrimoine. Ces communes sont principalement situées dans les Hauts-de-Seine (Boulogne-Billancourt, Saint-Cloud, Levallois-Perret, Sèvres, Asnières-sur-Seine, Suresnes, Bois-Colombes et Meudon), mais il y a aussi Saint-Mandé, dans le Val de Marne. Dans ces villes, les revenus des plus riches sont au moins 4,7 à 5,3 fois supérieurs à ceux des plus pauvres.
Des villes inégalitaires riches mais aussi pauvres
La première explication de ces inégalités de revenus est que certaines de ces villes abritent les plus riches. Neuilly-sur-Seine, la ville française la plus inégalitaire en termes de revenus, est aussi la plus riche de France. Revenu annuel médian[2]ses 60 000 habitants[3]est de 3 900 euros par mois contre une moyenne nationale de 1 810 euros. Les plus riches y sont extrêmement riches. A Paris, deuxième de notre classement, le niveau de vie médian est de 2 400 euros, soit 1,6 fois moins qu'à Neuilly-sur-Seine, mais les Parisiens les plus riches ont aussi un revenu mensuel minimum élevé : 5 700 euros. Des niveaux de revenus pourtant inférieurs à ceux observés, par exemple, à Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine, la ville aux sixièmes inégalités les plus élevées, où le revenu mensuel moyen est de 3 200 euros et les habitants les plus riches touchent au moins 6 900 euros par mois .
Si Paris est une ville inégalitaire, c'est qu'il y a aussi des pauvres (15% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté de 60% du revenu médian), soit près de deux fois plus qu'à Neuilly-sur-Seine (8%) . La capitale n'est pas une ville unitaire.
Une ville inégale peut aussi devoir son statut au fait qu'elle est habitée par une population très pauvre. En d'autres termes, les inégalités croissent d'en bas. Trois grandes villes d'outre-mer, Saint-Paul, Saint-Denis et Saint-Leu, toutes situées à la Réunion, illustrent bien cette situation. Les habitants les plus pauvres ont de faibles revenus (environ 700 euros maximum par mois, loin de la moyenne métropolitaine qui est de 960 euros). Si les plus riches gagnent cinq fois plus, leur revenu minimum mensuel (autour de 3.300 euros) n'atteint pas des valeurs crêtes comme à Neuilly-sur-Seine ou Saint-Cloud. Annemasse en Haute-Savoie ou Saint-Louis dans le Haut-Rhin sont aussi dans ce cas une étape avant tout la même.
Les 20 villes les plus inégales | ||||
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Revenu le plus élevé des 10 % les plus pauvres en euro | Le revenu médian* en euro | Revenu minimum des 10% les plus riches en euro | Rapport entre le revenu minimum des 10% les plus riches et le revenu maximum des 10% les plus pauvres | |
Neuilly-sur-Seine (92) | 1 262 | 3 857 | 10 223 | 8,1 |
Paris (75) | 902 | 2 356 | 5 749 | 6,4 |
Boulogne-Billancourt (92) | 1 152 | 2 799 | 6 142 | 5,3 |
Annemasse (74) | 800 | 1 787 | 4 201 | 5,3 |
Saint Mande (94) | 1 213 | 2 848 | 6 309 | 5,2 |
Saint Cloud (92) | 1 346 | 3 201 | 6 879 | 5,1 |
Levallois Perret (92) | 1 180 | 2 747 | 5 990 | 5,1 |
Severs (92) | 1 166 | 2 702 | 5 880 | 5,0 |
Saint-Louis (68) | 851 | 1 868 | 4 258 | 5,0 |
Asnières-sur-Seine (92) | 919 | 2 184 | 4 595 | 5,0 |
Saint-Germain-en-Laye (78) | 1 197 | 2 636 | 5 895 | 4,9 |
Paulus (974) | 701 | 1 428 | 3 417 | 4,9 |
Suresnes (92) | 1 091 | 2 521 | 5 303 | 4,9 |
Thionville (57) | 884 | 1 926 | 4 242 | 4,8 |
Saint-Denis (974) | 724 | 1 418 | 3 460 | 4,8 |
Bois-Colombes (92) | 1 078 | 2 548 | 5 098 | 4,7 |
Saint-Leu (974) | 670 | 1 305 | 3 152 | 4,7 |
La Celle-Saint-Cloud (78) | 1 163 | 2 392 | 5 465 | 4,7 |
Meudon (92) | 1 112 | 2 427 | 5 184 | 4,7 |
Nancy (54) | 789 | 1 750 | 3 642 | 4,6 |
Métropole France | 958 | 1 811 | 3 290 | 3,4 |
Niveau de vie mensuel d'une personne seule après impôts et allocations. Villes de plus de 20 000 habitants. *Le revenu médian divise la population en deux : la moitié gagne moins, l'autre moitié gagne plus. Lecture : Neuilly-sur-Seine est la ville la plus inégalitaire, ses habitants les plus aisés ont un revenu mensuel 8,1 fois supérieur aux plus modestes de cette commune.
Ceux :Insee - Données 2018 - © Observatoire des inégalités
Les villes les plus égalitaires, plus homogènes en termes de revenus
Sèvremoine en Maine-et-Loire est la ville la plus égalitaire avec plus de 20 000 habitants de notre classement. Elle montre une certaine homogénéité des revenus de ses habitants. Les 10 % les plus riches bénéficient d'au moins 2 600 € par mois, tandis que les 10 % les plus pauvres gagnent au maximum 1 200 €, soit moitié moins. Les plus riches ne reçoivent « que » 1 450 euros de plus par mois, à Paris cette différence est de 4 800 euros !
Bruay-la-Buissière et Liévin dans le Pas-de-Calais, Petit-Quevilly (Seine-Maritime) ou encore Wattrelos dans le nord sont des communes aux populations pauvres : les 10 % les plus pauvres ont un revenu maximum de 800 euros et 900 euros. Le revenu médian des habitants y est assez faible (environ 1 500 € par mois) et les riches ne sont pas super riches.
Les 20 villes les moins inégalitaires sont toutes des villes de province de taille moyenne, que beaucoup considèrent comme situées dans l'ouest ou le nord de la France. Globalement, il s'agit plutôt de villes dont le niveau de vie est, avec quelques nuances, proche de la moyenne française. Bruay-la-Buissière ou Petit-Quevilly sont des villes que l'on pourrait qualifier d'« égalitaires par le bas » car elles sont plutôt pauvres et peu riches.
Ville inégale : est-ce bien ou mal ? |
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Les données territoriales doivent être utilisées avec la plus grande prudence. On compare des villes de 20 000 habitants et Paris de deux millions ou cent fois plus d'habitants. Certaines de ces villes sont isolées, d'autres ne sont que les banlieues riches ou pauvres d'une grande ville : les frontières administratives jouent un grand rôle dans notre classement. Enfin, il faut éviter les jugements hâtifs. Certains sont inégaux parce que les politiques d'habitat ont rejeté au fil du temps les couches pauvres de la population (comme dans l'ouest parisien), par exemple en rejetant le logement social. D'autres ont la raison inverse. Le niveau d'inégalité d'une ville peut également indiquer la diversité de la population, ce qui en soi n'est pas une mauvaise chose. Pour aller plus loin, il faudrait observer non pas les inégalités mais le degré de ségrégation entre les quartiers des différentes villes. |
Les 20 villes où les inégalités sont les plus faibles | ||||
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Revenu le plus élevé des 10 % les plus pauvres en euro | Le revenu médian* en euro | Revenu minimum des 10% les plus riches en euro | Rapport entre le revenu minimum des 10% les plus riches et le revenu maximum des 10% les plus pauvres | |
Sèvremoine (49) | 1 198 | 1 781 | 2 648 | 2,2 |
Beaupreau-en-Mauges (49) | 1 149 | 1 726 | 2 569 | 2,2 |
Chemille-en-Anjou (49) | 1 106 | 1 732 | 2 613 | 2,4 |
Montaigu-Vendee (85) | 1 229 | 1 867 | 2 914 | 2,4 |
Grosser Quevilly (76) | 995 | 1 646 | 2 500 | 2,5 |
Couéron (44) | 1 176 | 1 916 | 2 956 | 2,5 |
Coudekerque-Filiale (59) | 968 | 1 628 | 2 545 | 2,6 |
Challans (85) | 1 086 | 1 770 | 2 913 | 2,7 |
Wattrelos (59) | 880 | 1 537 | 2 384 | 2,7 |
Lancastre (56) | 949 | 1 664 | 2 591 | 2,7 |
Hazebrück (59) | 978 | 1 654 | 2 724 | 2,8 |
Saint-Médard-en-Jalles (33) | 1 215 | 2 112 | 3 421 | 2,8 |
Liévin (62) | 800 | 1 365 | 2 278 | 2,9 |
Pauvres animaux (59) | 852 | 1 485 | 2 443 | 2,9 |
Savigny-le-Temple (77) | 970 | 1 758 | 2 795 | 2,9 |
Les Pennes-Mirabeau (13) | 1 168 | 2 062 | 3 369 | 2,9 |
Bruay-la-Buissiere (62) | 798 | 1 345 | 2 312 | 2,9 |
Petit-Quevilly (76) | 840 | 1 494 | 2 438 | 2,9 |
Villenave-d’Ornon (33) | 1 031 | 1 864 | 2 986 | 2,9 |
Saint-Sebastien-sur-Loire (44) | 1 136 | 1 981 | 3 290 | 2,9 |
Métropole France | 958 | 1 811 | 3 290 | 3,4 |
Niveau de vie mensuel d'une personne seule après impôts et allocations. Villes de plus de 20 000 habitants. Le revenu médian divise la population en deux : la moitié gagne moins, l'autre moitié plus. Lecture : Sèvremoine est la ville la moins inégalitaire, ses habitants les plus riches ont un revenu mensuel 2,2 fois supérieur aux plus modestes de cette commune.
Ceux :Insee - Données 2018 - © Observatoire des inégalités
Pour de plus amples:
- "Le terme 'inégalité' n'a pas du tout le même sens, selon les villes"Interview mit Hervé Guéry von Compas.
Photo / CC VON Anthony Delanoix
[1]Ce rapport est appelé rapport interdécile. C'est le rapport du revenu minimum des 10% les plus riches au revenu maximum des 10% les plus pauvres pour une personne seule après impôts et allocations.
[2]Le revenu médian divise la population en deux parties : la moitié de la population gagne moins et l'autre moitié gagne plus.
[3]Plus précisément, il s'agit du nombre de personnes dans les foyers fiscaux.
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